Longtemps, Danone s'est prévalu d'être une entreprise pas comme les autres. La firme incarnait ce que les promoteurs de l'«entreprise responsable» chérissaient: «le fameux double contrat social», dit une consultante, «fait de performances économiques et humaines». Franck Riboud, le PDG du groupe, n'écrivait-il pas, «les entreprises qui réussiront dans le siècle qui s'ouvre sont celles qui, comme la nôtre, sont animées par des valeurs fortes et placent l'homme au coeur de leur démarche?»
Danone réconciliait profits et volontarisme social. Les cabinets de notation, qui jugent la qualité d'une entreprise sur ces performances économiques, sociales et environnementales, en louaient les vertus. Mais pour avoir un peu trop vanté ses mérites, Danone s'est (sur)exposé. Ce qu'un actionnaire de la firme résume ainsi: «Plus l'entreprise a une promesse sociale, plus la réaction sociale est féroce.»
«Plein la gueule!» Surtout, ce plan de licenciement, qui n'est ni le premier du genre ni le plus féroce (Libération de vendredi) a renvoyé à Danone, à la faveur d'un contexte singulier, une image d'entreprise comme les autres. Certes, Danone peut bien expliquer que c'est «justement» parce qu'elle a «fait» 4,6 milliards (701 millions d'euros) de profits qu'elle peut «mettre sur la table un plan de 1,6 milliard de francs (244 millions d'euros)» sur quatre ans, une somme, pour reclasser 95 % de ses salariés. Mais ce discours-là ne tient plus. Il y a réalité financière: l'emballement «des exigences