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«Je gagne moins, mais je suis là parce que j'y crois »

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publié le 9 avril 2001 à 0h26

«C'est un truc qu'il fallait que je fasse.» Isabelle Soares ne saurait être plus explicite pour motiver son changement de vie. Hier, elle était puéricultrice dans un hôpital parisien à 10 000 francs le mois, aujourd'hui elle est infirmière de base à 167 000 escudos (5 500 francs) dans une bourgade perdue de la Sierra d'Estrella (centre du pays).

D'une certaine manière, elle a bouclé la boucle, achevé un cycle. Car le point d'atterrissage d'Isabelle, c'est Silvares, cette même bourgade proche de Covilha d'où sont partis ses parents, à la fin des années 60, en quête d'une vie meilleure. Avec une motivation d'une autre nature, elle a pris la route un certain 3 janvier 1999, accompagnée en voiture par son père depuis Poissy, Yvelines, son bercail. Elle a atterri dans cette maison familiale bâtie depuis 1973 à base de sacrifices consentis par une mère femme de ménage et un père maçon.

Pour Isabelle Soares, l'adaptation ne s'est pas faite en douceur. «Au début, je me sentais vraiment totalement étrangère. Maintenant, plutôt une semi-étrangère.» Au centre de santé où elle travaille, on lui reproche de parler français avec une collègue, elle aussi «luso-descendante». Mais, le plus difficile, ce sont les méthodes de travail. «Déjà, j'ai l'impression que ma spécialisation ne sert à rien; ensuite, la santé au Portugal n'obéit pas aux mêmes règles. C'est moins professionnel; la discipline est relâchée, les gens arrivent en retard. Comme soignante, je suis corvéable à merci. On vient frapp