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Les Turcs ne vont pas fort.

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Monnaie dévaluée, inflation et chômage minent le pays.
publié le 9 avril 2001 à 0h26

Les turcs ne vont pas fort

Dans la plus grande rue commerçante d'Istanbul, au Pèra, les boutiques, restaurants, cafés et bars sont presque vides. La crise économique, Necati Erdogan, gérant d'un petit restaurant, en parle en évoquant la tentative de suicide de sa mère: «Nous l'avons sauvée au dernier moment», explique ce commerçant du quartier de Nevizade. Crise. Suicides. Depuis quel ques semaines, ces deux mots sont associés partout à la une de la plupart des quotidiens turcs. «La crise crée une situation complexe: manque de confiance en soi, manque d'espoir, doute, haine, difficultés d'expression, sont des syndromes typiques de l'effet de la crise économique sur les individus. Et maintenant, on évoque même les problèmes psychologiques spécifiques en rapport avec la pauvreté», précise Sahika Yuksel, professeur de psychiatrie à l'université de Capa (Istanbul).

Dans le secteur du tourisme, les professionnels proposent des rabais importants: une cham bre qui coûtait 120 dollars (133 euros) dans un hôtel cinq étoiles est proposée aujourd'hui à 30 dollars (33 euros). Récemment, Bulent Eczacibasi, le plus grand patron de l'industrie pharmaceutique, lançait un appel aux autorités politiques: «Des gens vont peut-être mourir à cause du manque de médicaments.» Il est en effet de plus en plus difficile de trouver sur le marché la plupart des médicaments importés: la forte dévaluation de la monnaie nationale a entraîné la multiplication par dix des prix de tous les biens venant de l'