C'est, en apparence, un paradoxe. D'un côté, 85 % des Français jugent «injustifiés» les licenciements dans les entreprises qui dégagent des profits (1) et 70 % se disent prêts à boycotter Danone. De l'autre, 82 % d'entre eux sont «favorables» à un service minimum imposé par la loi en cas de grève dans les transports publics (2).
Identification. Peut-on afficher sa solidarité avec les ouvriers licenciés, en sanctionnant la multinationale qui les met à la porte, tout en accablant des cheminots qui disent se battre contre la privatisation du rail? Oui, répond Pascal Perrineau, directeur du Centre d'étude de la vie politique française, pour lequel il n'y a pas d'opposition. «L'opinion est plus subtile qu'on veut le dire. Le comportement sectoriel, corporatiste et minoritaire des grévistes de la SNCF a provoqué une réaction négative. Le mouvement est perçu comme une grève de blocage, voire de chantage. L'opinion publique a en revanche sanctionné Danone. Pour elle, la fermeture était brutale, injustifiée.» A l'institut de sondage Ifop, on ne dit pas autre chose : «Au fond, ces deux sondages sont cohérents. On attend de Danone qu'elle ne vire pas ses employés quand elle fait des bénéfices. On attend de la SNCF qu'elle ait un service minimum même si elle perd de l'argent.»
L'identification aux salariés de Danone joue à plein. Et avec, le sentiment de vulnérabilité qui pèse sur les salariés du privé. «Ces deux sondages montrent que le clivage entre secteur protégé et secteur exposé est