Bordeaux correspondance
A Bordeaux, on croise les doigts : la récolte 2000 s'annonce comme un «millésime exceptionnel», une véritable bénédiction après une campagne très molle pour les 1999. Leurs primeurs à peine dégustées, les grands crus n'ont pas hésité à annoncer de nouvelles hausses de prix de 5 à 20 %. En bas de l'échelle, les «petits bordeaux» ont des préoccupations plus terre à terre : depuis le coup de folie de 1997, les vins de la région ont une image de produits «trop chers» dans un contexte de concurrence mondiale féroce.
«Huit étiquettes». L'an dernier, les baisses de prix se sont limitées à 3 % en moyenne. Du coup, pour l'année 2000, les exportations de bordeaux n'ont pas plus progressé en volume (2,17 millions d'hectolitres, + 1 % par rapport à 1999) qu'enÊvaleur (8,06 milliards de francs, soit 1,23 milliard d'euros). Et les producteurs de moyenne gamme commencent à sentir le vent du boulet à l'exportation.
«En ce moment, on baisse les oreilles, il faut se battre pied à pied pour ne pas perdre de terrain», reconnaît Eric Gonfrier qui, avec son frère Philippe, dirige à Lestiac-sur-Gironde l'un des plus gros vignobles des Premières Côtes de bordeaux. Les deux frères ont tablé sur le volume: en quinze ans, la superficie de leur vignoble est passée de 30 à 220 hectares. Une surface énorme pour la région. Leur choix: accroître la quantité pour amortir les investissements et rentabiliser les équipements (chais, cuves, chaîne d'embouteillage). Avec 20 salariés, un chif