New York de notre correspondant
Dans un coin du bar, la petite brune a foncé sur le grand blond, et dans un mouvement vaguement hollywoodien, elle a dévoilé le bracelet vert qui ornait son poignet. «Qu'est-ce qui vous intéresse?», a demandé le grand blond en montrant son bracelet rose. «Programmateurs et concepteurs de logiciels», a lâché la demoiselle. «Désolé, mais ce n'est pas mon créneau», a retourné l'éphèbe, tandis que l'apparition se noyait déjà dans la foule compacte réunie sur la piste de danse.
Vivier. Pour le non-informé qui se retrouverait par hasard le dernier mercredi de chaque mois dans ce bar night-club new-yorkais de Chelsea très à la mode, le spectacle est quelque peu étrange. Les jeunes gens boivent peu et ne dansent pas beaucoup, malgré la musique techno qui assaille les tympans. A l'entrée, la foule qui fait la queue est divisée en deux catégories. Les bracelets roses fluorescents sont pour ceux qui viennent d'être licenciés et cherchent un emploi. Les verts sont aux poignets des chasseurs de têtes et autres employeurs potentiels, venus puiser dans ce vivier de fanatiques du réseau des réseaux.
Bienvenue donc au dernier phénomène économico-socio-culturel new-yorkais: la Pink Slip party, du nom de la petite fiche rose que reçoit chaque Américain quand il a le malheur de se faire licencier (Libération du 16 février). L'idée a germé un jour dans la tête d'Allison Hemming, la directrice d'une agence de travail par intérim en ligne: pourquoi ne pas organiser des