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Libération
Interview

Mère bradée au supermarché

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Nathalie, 32 ans, était responsable des ressources humaines dans un hypermarché de la région parisienne. Au retour de son congé maternité, elle n'a pas retrouvé son poste. On lui a proposé une mutation située à une heure trente de route de chez elle. Elle a refusé. Elle vient d'être licenciée.
publié le 17 avril 2001 à 0h30

«Jamais je n'aurais cru que cette affaire prendrait une telle ampleur. Mon premier congé maternité s'était très bien passé, j'avais retrouvé mon poste sans problème. Pour le deuxième, j'ai été absente plus longtemps, j'ai eu une grossesse difficile. Durant mes sept mois d'absence, j'ai été remplacée par une jeune femme de 26 ans. A la fin septembre, alors que je passais au magasin dire bonjour à mes collègues, mon directeur en a profité pour m'annoncer: "La direction du groupe a décidé de vous muter dans un nouveau magasin." En fait, c'est lui qui ne souhaitait pas me garder. Il préférait ma jeune remplaçante. Elle était prête à travailler 50 heures par semaine, 6 jours sur 7. Moi, j'avais demandé un 4/5 pour m'occuper de mes enfants, ce qui ne se fait pas dans la culture de la grande distribution. "La direction ne voudra pas, m'a répondu mon directeur. Nous voulons quelqu'un de totalement disponible."

«A mon retour de congé maternité, ils m'ont donc mutée dans un autre magasin de la région parisienne mais qui n'avait guère d'avenir. Il allait être vendu. J'y ai travaillé un mois et demi, puis tout le personnel est parti. Je me suis retrouvée sans poste. Le groupe m'a demandé de prendre des congés payés en attendant une nouvelle affectation. Ces vacances obligatoires sont une pratique courante dans l'entreprise. Au bout d'un mois, ils ont pris la décision de me renvoyer dans mon magasin d'origine. Je me suis retrouvée dans un bureau de cinq mètres carrés avec une table et une