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Libération

Trithérapies de pénurie en Côte-d'Ivoire

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Les malades subissent le rythme des ruptures de stock.
publié le 18 avril 2001 à 0h31

Abidjan de notre correspondante

Kouassi a du mal à marcher. Perclus de crampes, il perd l'équilibre. Il s'assied enfin et raconte doucement qu'il a dû interrompre, après quatre mois, son traitement contre le sida. Faute de médicaments. Rupture de stock. «J'ai appelé partout, mais on n'en trouve nulle part, souffle-t-il. Je ne peux plus travailler.» Kouassi avait «repris espoir», il se sentait «beaucoup mieux». Il ne comprend pas. «On ne devrait pas avoir ces problèmes dans le cadre d'une politique de santé nationale. Quand on commence la trithérapie, on nous explique que c'est pour la vie et qu'on ne doit jamais arrêter.» Après un parcours du combattant de dix-huit mois, Kouassi avait réussi à décrocher une subvention pour payer une trithérapie. Des soins inabordables pour ce technicien de maintenance qui a sept enfants et une vingtaine de cousins et de neveux à charge. Mais l'une des trois molécules antirétrovirales, vendue avec une réduction de 95 %, est aujourd'hui introuvable à Abidjan. Et il n'a pas les moyens de l'acheter à plein tarif.

Fatigués. «Depuis plus d'un an, nous sommes constamment en rupture sur l'un ou l'autre des médicaments», dit Joséphine Oupoh, conseillère au Cirba, le plus grand centre de soins par antirétroviraux (ARV) de Côte-d'Ivoire. Ici aussi, les visages sont fatigués. «Après un ou deux mois sans traitement, les maladies opportunistes réapparaissent, dit encore Joséphine, qui est séropositive. De nombreux patients rechutent. Certains meurent.» Dans