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Libération

Le droit au profit battu par le droit à la vie

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L'industrie pharmaceutique a perdu la bataille de l'image.
publié le 19 avril 2001 à 0h31

Subitement, le front des laboratoires contre l'Afrique du Sud, s'est lézardé. Les certitudes de demander des comptes à un Etat initiateur d'une loi jugée «arbitraire et anticonstitutionnelle», se sont effritées. Les plaidories au nom du droit à la protection des brevets, étaient hors-sujets. Car le procès de Pretoria se plaçait sur un autre champ que la défense, peut-être légitime aux yeux des labos, du business. Il s'était déplacé vers l'injustice sociale, la lutte contre une logique: les malades au Sud, les médicaments au Nord; l'incarnation même d'une mondialisation à visage inhumain.

Pression. Qu'importe, si, ce matin, certaines des 39 firmes pharmaceutiques mènent ou pas un dernier baroud d'honneur et contestent à Pretoria le droit de produire ou d'importer des génériques bon marché. La formidable pression publique et politique (des ONG au Parlement européen, en passant par le mouvement des non-alignés) a eu raison de l'unanimité des labos. «Il leur a fallu du temps pour entériner un changement de rapport de force, note un responsable d'une ONG. C'est un aveu moral qu'ils n'étaient pas fondés à poursuivre l'Etat sud-africain.» Car les laboratoires ont perdu la bataille la plus menaçante pour eux: celle de l'image. «Ce procès était maladroit», avoue un représentant d'un labo français. Même à l'Organisation mondiale du commerce, on le reconnaît: «C'est la première fois qu'un tel lobby industriel cède.»

De surcroît, la cible était mal choisie: l'Afrique du Sud ne compte-t-el