Luc Guyau, 52 ans, président sortant de la Fédération nationale des exploitants agricoles (FNSEA), explique pourquoi et comment sauver les éleveurs français. Samedi, agriculteurs et élus manifestent, à son initiative, dans 70 départements, hors Paris.
Pourquoi appeler à un grand rassemblement «unitaire» tous azimuts, appel sans précédent dans les annales de votre syndicat?
Il faut absolument soutenir la filière de l'élevage français, dans une situation dramatique depuis les crises de l'ESB et de la fièvre aphteuse. Au-delà de leurs coûts économiques, qui nous font très mal, j'ai noté d'autres conséquences graves: les jeunes ne veulent plus s'installer dans l'élevage. Je connais même des éleveurs dans la force de l'âge, sans gros problèmes financiers, qui préfèrent mettre la clé sous la porte, renoncer à leurs bêtes et se reconvertir, notamment en Vendée, mon département. C'est devenu trop dur pour eux, surtout psychologiquement.
Ils craquent?
Absolument. Ils en ont marre de se faire taper dessus à tout bout de champ par les politiques et les médias. Marre d'entendre qu'ils ne font rien pour améliorer leurs façons de travailler et d'être accusés d'immobilisme. Bien sûr, nous avons commis des erreurs. Mais nous avons changé: cela fait dix ans que nous n'utilisons plus les farines animales, dix ans qu'on fait du bio et qu'on pousse les feux vers une agriculture raisonnée, beaucoup plus respectueuse de l'environnement. Veut-on la mort de l'élevage français? Il n'y aurait plus qu'à i