L'OMC suivra-t-elle Pretoria sur le sida ? Après le jet de l'éponge des laboratoires pharmaceutiques, jeudi, dans le procès intenté contre le gouvernement sud-africain (Libération des 19 et 20 avril), les réactions pleuvent. Depuis 1997, les «majors» bloquaient une loi sud-africaine court-circuitant le droit des brevets, valables vingt ans et permettant de produire et d'importer des médicaments génériques, notamment contre le sida.
«Droit à la vie». Lâchés par tous ses alliés, de Washington à Bruxelles («N'importe quelle boîte de relations publiques leur aurait dit de laisser tomber depuis des lustres, mais visiblement ils étaient sourds», confiait hier un proche de Pascal Lamy, le commissaire européen au Commerce), pressés par une formidable coalition d'ONG qui revendiquait le «droit à la vie» contre le «droit au profit», les labos ont fini par céder. L'Organisation de l'unité africaine (OUA) y voit «une reconnaissance du droit à la santé», comme «base de développement socio-économique.»
Surtout, l'OMC, qui se refusait jusqu'à présent à intervenir «dans une affaire interne à l'Etat sud-africain», est sortie de sa réserve. Selon Mike Moore, son directeur, le Trips (accord international sur la propriété industrielle) contient «toute la souplesse nécessaire pour répondre aux besoins de santé des pays en développement» et peut être utilisé «comme base pour résoudre l'accès aux traitements essentiels». Il est évidemment aujourd'hui beaucoup plus facile d'interpréter, largement, le