Danone, 36 usines fermées, dans 6 pays. Marks & Spencer, 4 400 emplois supprimés en France, en Belgique et en Espagne. Avant ces multinationales, ABB Alstom, Unilever ou Renault ont lancé des plans de restructuration qui se jouent des frontières. A chaque fois, les syndicats nationaux se retrouvent face à un gouffre. Comment une action localisée dans un pays peut-elle faire plier un groupe mondialisé qui licencie? La réponse passe sans doute par des actions syndicales européennes, en attendant d'être mondiales. Les centrales commencent juste à s'organiser. Mais rien n'est facile. Les actions menées en Europe ne peuvent être de simples répliques des actions nationales. De l'aveu des syndicalistes français postés à Bruxelles, la pratique de l'eurosyn dicalisme se révèle «très compliquée». Car il s'agit plus de lobbying et d'influence que du classique rapport de force.
L'impuissance des salariés de Marks & Spencer est à cet égard symbolique. La direction britannique du groupe a bien été condamnée par la justice française (Libération du 10 avril) pour avoir informé son personnel du plan de restructuration cinq minutes avant l'ouverture de la Bourse de Londres, mais cette pratique est tolérée outre-Manche. Dans ce cas, les représentants des salariés se tournent vers l'Europe pour qu'elle leur donne les moyens de se défendre. A tous les niveaux, y compris à Matignon, on réclame que la directive information-consultation, dite directive Vilvoorde, soit enfin appliquée. Proposée en 19