Vienne, de notre correspondant.
Petit paradoxe autrichien: alors que le pays compte parmi les très rares en Europe (avec la Finlande et la Suède) à ne pas encore avoir été touché par l'épidémie de «vache folle», la consommation de produits biologiques enregistre une croissance spectaculaire. Depuis novembre dernier, lorsqu'un premier cas d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) s'est déclaré dans l'Allemagne voisine, la demande de bio tous produits confondus a augmenté de 20 %, voire de 100 % pour la viande biologique, comme l'annonce fièrement Alexandra Pohl, experte auprès de la Fédération nationale pour la promotion de l'agriculture biologique.
Tradition. A l'origine de ces deux phénomènes, une même cause: un attachement ancien et profond des Autrichiens à la nature, à leurs jolies vallées alpines, et à une façon «humaine et traditionnelle» d'exploiter leurs terres et leurs animaux. Ainsi, l'Autriche a interdit dès 1990 les farines carnées dans l'alimentation des ruminants, soit quatre années avant l'Union européenne.
C'est ainsi que cette république alpine a gagné, au cours de la dernière décennie, la première place sur le podium de l'agriculture biologique en Europe. Avec 288 000 hectares, l'agriculture bio représente actuellement 8,4 % de la superficie des terres exploitées du pays. En comparaison, ce chiffre est de 7,8 % pour la Suisse (n° 2 en Europe), puis tombe à 2,4 % pour l'Allemagne et 1,1 % pour la France, qui tire ainsi vers le bas la moyenne européenne (2,2 %)