Pékin de notre correspondant
Les deux femmes tricotent et bavardent, tout en gardant un oeil sur les écrans géants où s'inscrivent les cotations des Bourses de Shanghai et de Shenzhen. L'une d'elles nous interroge, sans cesser de tricoter: «Votre monnaie, l'euro, ça ne va pas très fort, n'est-ce pas? J'en ai acheté en janvier. J'aurais dû vendre quand il est remonté, j'aurais gagné 300 ou 400 dollars (333 ou 443 euros), mais il a de nouveau plongé...» L'une est retraitée, l'autre chômeuse. Elles viennent chaque jour, de l'ouverture à la fermeture, dans cette immense salle des marchés du nord de Pékin. Elles ont leurs places dans ce hall moderne où bon nombre de chaises en plastique ont un petit coussin ou un tissu pour bien indiquer qu'elles sont «réservées». «C'est une distraction», disent-elles. Ces deux Chinoises aux revenus modestes ont placé toutes leurs économies dans la Bourse et espèrent bien en tirer un profit pour améliorer leur quotidien. L'une a 60 000 yuans (environ autant de francs ou 9 147 euros) en actions, l'autre 50 000 (7 622 euros). «Au début, on a gagné un peu d'argent, mais, ces derniers mois, ça marche moins bien.» Les deux femmes ne comprennent pas réellement les ressorts du marché boursier ou même la santé des sociétés dont elles achètent les actions: elles écoutent le bouche à oreille, les conseils des «grands».
Mais, surtout, elles ne se font pas d'illusions: «Il y a trop de manipulations. Ici, ce n'est pas comme à l'étranger, il y a trop d'intervent