Le chèque payant voit son avenir s'assombrir. Comme prévu (Cf. Libération du 24 avril), les députés ont voté hier matin à une large majorité la proposition de loi prévoyant la pérennisation du chèque gratuit. La gauche plurielle au grand complet et aussi le RPR ont porté leurs voix sur le texte rédigé par le député MDC Georges Sarre. Au nom de la «défense des ménages les plus modestes», pour Jean-Louis Idiart (PS) ou contre «la logique libérale de sélection des clients par l'argent», selon Maxime Gremetz (PCF). Le gouvernement, représenté par Jean-François Patriat, ministre des PME, n'avait pas donné de consigne de vote. Bercy est en effet très embarrassé par ce projet.
S'exprimant le matin sur RTL, Laurent Fabius avait tenté de justifier la position gouvernementale sur le mode: «d'accord sur le fond, pas sur la forme». «Je suis pour la gratuité des chèques, a expliqué le ministre de l'Economie. Je crois que j'ai été le premier à l'Assemblée à le dire. Concernant cette proposition de loi, sur le fond je ne peux pas être en désaccord. Simplement, en introduisant ça dans la loi, ne va-t-on pas déséquilibrer un peu le système?»
Statu quo. Jusqu'à présent, Bercy a négocié avec les banques un statu quo jusqu'à 2002, l'année de l'élection présidentielle et de la mise en place de l'euro. Le gouvernement considère enfin que l'inscription de la gratuité des chèques pourrait poser problème avec le droit de la concurrence européen.
Mais les députés ont été ravis de bouleverser cet accord,