Laurent Fabius n'arrive vraiment pas à se faire à l'idée que Gaz de France (GDF) ne sera pas privatisé. Chantre de l'ouverture du capital de l'entreprise publique depuis plusieurs mois, le ministre de l'Economie s'exprimait hier pour la première fois après la décision de Lionel Jospin de reporter sine die cette réforme (Cf. Libération du 14 avril). Et il a fait comme si tout était encore ouvert.
Hostilité. «Aujourd'hui, il n'y a pas encore de consensus politique au sein de la majorité plurielle, a déclaré Fabius sur RTL. On va essayer de le chercher. Mais, tôt ou tard, la réforme de Gaz de France aura lieu parce que c'est l'intérêt des salariés et des usagers.» Et le ministre de répéter sa position déjà exprimée en décembre: «Vous ne pouvez bien vendre du gaz que si vous en produisez, or aujourd'hui Gaz de France ne produit que moins de 5 % de son gaz et donc il faudra tôt ou tard qu'il y ait une réforme pour permettre d'intégrer un producteur de gaz.» Une argumentation rodée, mais qui a le principal inconvénient de rencontrer l'hostilité de la majorité des syndicats et d'une partie de la gauche plurielle, communistes en tête. Et, comme on l'admet dans l'entourage de Fabius, «la probabilité que cette donne politique change d'ici 2002 est assez faible».
Silence. Bref, la sortie du ministre était surtout destinée à la galerie. Surtout que ce dernier a été complètement silencieux sur un autre aspect de la question qui presse: l'ouverture du marché du gaz. La France avait normalem