Scène de guérilla syndicale dans une start-up de la Plaine-Saint-Denis (93). Une vingtaine de jeunes salariés, épaulés par les anarcho-syndicalistes de la CNT (Confédération nationale du travail), ontoccupé mardi soir les locaux de Lanetro.fr. Devant l'échec commercial de leur entreprise, les rédacteurs de ce cityguide proche du dépôt de bilan ont voulu faire «un dernier coup d'éclat». Objectif: obtenir le paiement de salaires oubliés et une promesse écrite de leur directeur, Juan Carlos Campo, de procéder à des licenciements économiques en bonne et due forme. Car, jusqu'à présent, la stratégie imposée par la maison mère espagnole consistait à les licencier pour faute grave (retard de cinq minutes, par exemple), ou à les pousser à la démission en les harcelant (Libération du 17 mars). De ce «dégraissage sauvage», il ne reste plus que 3 cadres et 6 salariés, sur un effectif de plus de 30 personnes en décembre.
La nuit tombe et le ton monte. Le directeur reste assis, entouré par les militants de la CNT. Une séquestration? «Pas du tout, dit Carole, élue du personnel. Il reste parce qu'il ne veut pas nous laisser seuls dans les locaux. On en profite pour tout revoir au cas par cas.» A chaque question, Juan Carlos Campo renvoie sur l'Espagne. «La situation internationale n'est pas bonne, aucune levée de fonds n'est possible. Internet a changé, c'est comme ça.» Il préfère rester prudent; voilà une semaine, il s'est fait entarter par la CNT. «Juste pour lui montrer que le harcèlemen