Alençon, envoyé spécial
L'avenue Jean Mantelet a été bloquée par des gendarmes. Deux cents mètres plus loin une grappe de 300 employés s'est massée, très serrée, devant le portail blanc de l'usine Moulinex, pour assister à une AG en forme d'oraison funèbre, dans un silence de mort, avec juste le vent qui fait claquer les banderoles accrochées aux grilles: «Moulinex libère la femme, Puy (PDG de Moulinex-Brandt) libère les salariés.» La voix de Claude Renault, délégué central CFDT du site tremble un peu: «Aujourd'hui, la direction nous a dit que la décision était prise, qu'elle était logique et normale. Alençon va fermer. Cela concerne 950 personnes, et cela veut dire que la direction n'en a rien à faire du symbole, ni de la maison mère.» Avant-hier, Patrick Puy a condamné le site. Dans la nuit de jeudi à vendredi, les syndicats et les équipes de nuit ont décidé de stopper la production et de fermer jusqu'à mercredi matin, 6 heures, les grilles de l'usine historique du groupe.
Moulinettes. C'est à Alençon, dans une ancienne filature, que Jean Mantelet, fondateur de Moulin-Légumes, qui devint Légumex, puis Moulinex en 1956, a choisi de produire son presse-purée en 1937. Encore aujourd'hui, 60 des 1100 employés sarthois assemblent l'appareil historique en tôle inoxydable et toute sa famille des «moulinettes à légumes» relookées. Il s'en est produit 4 millions en 2000. Les emblématiques appareils à main, selon les syndicats, partiront à Mayenne. L'usine d'Alençon produit aussi des