On le croyait définitivement aboli en France. Il revient en force. Ses formes sont diverses mais ses origines communes: la misère dans les pays de départ, la clandestinité et l'indifférence dans les pays d'arrivée. Face à la montée de l'esclavage en France, deux associations mènent le combat.
Le Comité contre l'esclavage moderne (CCEM), créé par une poignée de journalistes et d'avocats, ouvre la voie. En 1995, il dévoile des histoires d'un autre âge. Elles s'appellent Imelda, Henriette ou Sumithra et viennent des Philippines, d'Afrique de l'Ouest, du Sri Lanka. Ces jeunes femmes, en situation illégale, passeport confisqué par leurs «employeurs», travaillent jusqu'à vingt heures par jour, pas payées, mal logées, mal nourries. Elles racontent des violences physiques, des viols, des tortures. Elles seraient quel ques milliers en France.
Le comité donne un nom à ces situations indignes: esclavage domestique. En sept ans, il accueille et accompagne plus de 300 victimes: appartement d'urgence, réseau de familles d'accueil, assistante sociale. Et mène le combat sur le terrain juridique, obtient dix con damnations pénales des «employeurs», sept aux prud'hom mes. Une quarantaine de procès sont en cours. «Mais le droit français ne connaît pas l'esclavage. Cela rend les poursuites plus difficiles et limite les peines encourues à deux ans d'emprisonnement et 500 000 F d'amende», constate Céline Manceau, directrice juridique du comité.
La situation illégale des victimes est aussi un frein à