Marignac envoyé spécial
Robert le gréviste a un regard abattu vers le pic de Palarquère: «ici, c'est le bout du monde». Le sénateur-maire socialiste d'Eup, Bertrand Auban, venu s'ajouter au piquet des salariés en grève de l'usine Pechiney, n'a pas une vision beaucoup plus riante de la géographie des lieux: «La reconversion industrielle du site, ça n'existe pas, peste-t-il. Parce que personne ne voudra jamais venir s'installer là.» La fermeture de Marignac où Pechiney produit ses lingots de magnésium équivaudrait, selon lui, à une désertification «irréversible» de ces pentes haut-garonnaises des Pyrénées. Les routes y sont en cul-de-sac mais le moral y est encore élevé. Car les 250 salariés de cette unité de Pechiney ElectroMétallurgie (PEM) ne sont surtout pas prêts à se «laisser désertifier sans rien faire».
Magnésium chinois. Marignac, c'est un petit village sur des petites routes au milieu de grandes forêts pentues. Mais c'est aussi dans ce bourg de la montagne que Volkswagen, Seat ou les industriels européens de l'aéronautique viennent se fournir en magnésium pour des alliages ou des pièces de moteur. Derrière ses murs de pierre grise à la sortie du village, l'usine est en effet la seule unité de production de magnésium de l'Union européenne. «Les Norvégiens en produisent eux aussi», commente le cédétiste Jean-Louis Larqué. Mais ce sont les Chinois, dit-il, qui «cassent le marché en bradant leur produit». Il est intarissable sur la façon qu'a Pékin de contourner les taxes