Une femme sanglote bruyamment dans la salle d'audience: «C'est pas possible...» Le président s'impatiente. Son avocat la fait sortir et la réconforte dans le couloir. L'un de ses confrères ironise: «C'est la pleine lune ou quoi?» Fin de l'incident, les débats reprennent. Marc, la quarantaine élégante, s'avance vers le président du conseil des prud'hommes. «Pendant quatre mois, j'ai été loueur de voiture dans une société parisienne. Le gérant me doit de l'argent. Mais je n'ai pas de contrat de travail, ni de fiches de salaire, ni d'attestation Assedic.» Le président écarquille les yeux. «Vous étiez tout de même payé?» Marc admet qu'il touchait
7 000 francs par mois en liquide. «Vous ne payez donc pas d'impôt, vous avez de la chance...», remarque le président. «Je préférerais en payer!», s'indigne Marc, qui rappelle qu'il est au RMI. Faute de preuve matérielle de son travail, le conseil s'estime incompétent.
A l'étage du dessus, les conseillers de la section encadrement voient défiler les cadres licenciés. Parmi eux, un informaticien mis à la porte pour faute lourde: il aurait provoqué la rupture des relations commerciales entre sa société et Sony, l'un de ses principaux clients. Son employeur lui réclame plus de 300 000 francs pour «abandon de poste et sabotage délibéré». Lui demande 130 000 francs pour «rupture abusive de contrat». L'avocat de l'employé s'enflamme: «Non seulement mon client s'est fait licencier pour faute grave, mais huit mois plus tard, il est encore au chôma