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Libération

L'envie de relever les épaules

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Les séropositifs souhaitent retravailler, mais autrement.
publié le 14 mai 2001 à 0h52

Tout avait bien commencé. Quand Mathias a dit à son employeur il y a quelques années qu'il était séropositif, il pensait se retrouver à la porte. «J'ai été très surpris, il l'a très bien pris.» Mathias a continué de travailler comme responsable des expéditions dans une entreprise de transport, en prenant de temps en temps des semaines pour se reposer. «Malgré tout, on est fatigué physiquement et moralement. Les années passent, on gère en rétrogradant.» Et les ennuis sont arrivés. Lors de son premier mi-temps thérapeutique, il est remplacé par un nouvel embauché. «On m'a mis sur la touche. Mon employeur m'a demandé avec insistance ce que je comptais faire, si j'avais réfléchi...» Le morceau est lâché: soit il est licencié, soit il devient chauffeur.

Perte de statut, conditions de travail éprouvantes, Mathias accepte le poste. «J'ai eu peur du licenciement. Aujourd'hui, je regrette. Ce métier ne me plaît pas. Il y a la fatigue, le stress, les charges à porter, je n'en peux plus.» Il parle de la «fausse compréhension de son employeur» qui se montre conciliant seulement quand ça l'arrange. «A part l'annonce de ma séropositivité, il n'a pas fait grand-chose pour m'aider. Avec l'augmentation du stress et la course contre la montre au nom du client, il y a de moins en moins de place pour les handicapés dans l'entreprise.» Un moment, Mathias a tenté de reprendre son poste de responsable à plein temps: il a perdu 10 kilos en un mois et demi. Aujourd'hui, il pense changer de métier, su