C'est un tout petit collier de serrage à 2,30 francs (0,30 euro). Mais les concepteurs de la Volvo 850 TDI n'ont pas jugé utile d'en équiper le système de freinage de leurs grosses berlines suédoises. Une négligence qui devrait valoir demain matin au PDG de l'antenne française du constructeur, une mise en examen pour «homicide involontaire». Car l'absence de ce tout petit collier peut entraîner des fuites du liquide qui alimente le circuit de freinage. Réaction en chaîne: la pédale de frein perd toute sa souplesse et devient dure comme du bois. Pour ralentir l'auto de plus de 1,5 tonnes, il faut mollets d'acier.
Ce n'est pas le cas de Catherine Khotz. Ce 17 juin 1999, elle remonte la rue du Général-de-Gaulle à Wasselonne (Bas-Rhin), à bord de son break Volvo. Il est 7h40 et de nombreux enfants marchent sur les trottoirs du centre-ville pour se rendre à l'école, toute proche. La route pavée fait un petit virage, mais la Volvo ne freine pas. Elle avance tout droit vers la vitrine d'une maison de la presse. Devant, se trouvent trois enfants. Deux d'entre eux vont trouver la mort dans le choc, le troisième est grièvement blessé.
Hors de cause. Catherine Khotz a beau expliquer qu'elle ne pouvait pas s'arrêter, que les freins ne répondaient plus, elle est rapidement mise en cause. Mais à force de répéter que sa voiture était défectueuse au moment de l'accident, elle finit par intriguer le juge d'instruction Gabriel Steffanus, du tribunal de Saverne. Il commande une expertise sur les