Londres de notre correspondant
Devant leur enseigne, les salariés de Marks & Spencer s'arrêtent. C'est le premier magasin ouvert qu'ils voient depuis leur mise à pied. Une bande de plastique dressée au milieu d'Orchard Street les sépare du bâtiment en pierre de taille, et les policiers qui les accompagnent leur ordonnent d'avancer. «Avec nous!», crient les Français, certains encore coiffés de la casquette du groupe, à l'intention de leurs collègues britanniques. A l'intérieur, les vendeurs, très encadrés, ne bougent pas de leurs rayons, ne lèvent pas la tête vers la rue et ne répondent pas davantage aux questions: «Voyez notre service de presse», lâche l'un d'eux.
Vingt-trois ans de maison, Mireille Magrin aurait bien aimé faire leur connaissance. «On veut leur tendre la main. Ce qui nous tombe dessus peut aussi leur arriver.» Cette déléguée CFDT n'avait auparavant jamais traversé la Manche et n'avait retenu de l'Angleterre que l'image véhiculée par ses directeurs successifs, celle d'un «pays glacé et sans dialogue». Pas plus devant la succursale, près de Hyde Park, qu'au siège du groupe, à Baker Street, les manifestants venus de toute l'Europe ne peuvent entrer en contact avec le personnel local ou ses dirigeants.
«Inutile». Il était prévu que Luc Vandevelde, le patron de Marks & Spencer, rencontre dans l'après-midi les organisateurs. Le rendez-vous, pris la veille par l'intermédiaire des Trade Unions Congress (TUC), la grande centrale britannique, a été annulé. «Luc est prêt