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Libération

Tout le monde savait

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Selon «The Economist», le risque de poursuites judiciaires contre le Crédit Lyonnais était connu dès 1995.
publié le 18 mai 2001 à 0h54

Jean Peyrelevade, le président du Crédit Lyonnais depuis 1993, savait. Edmond Alphandéry et Dominique Strauss-Kahn, qui furent ministres de l'Economie, savaient. Jean Lemierre, le directeur du Trésor, savait. Tous savaient bien avant 1998 que le Crédit Lyonnais risquait un jour d'être poursuivi par la justice américaine pour avoir repris «illégalement» la compagnie d'assurances californienne Executive Life et son portefeuille de junk bonds («obligations pourries»). C'est la thèse explosive que développe l'hebdomadaire britannique The Economist, qui sort ce matin, avec de nouveaux documents à l'appui. Jusqu'à présent, Jean Peyrelevade avait toujours soutenu mordicus qu'il n'avait appris l'existence du «risque» Executive Life qu'en 1998, une fois que la justice américaine et la Federal Reserve (Banque centrale américaine) avaient commencé à enquêter. Une ligne de défense sévèrement battue en brèche au début de cette année.

Fax. Le 13 janvier, The Economist, toujours, avait révélé le contenu d'un fax très embarrassant pour le président du Lyonnais. Envoyé au secrétariat de Jean Peyrelevade le 10 décembre 1993, ce document interne de 17 pages expédié depuis Altus, filiale de la banque publique, mentionne à plusieurs reprises les problèmes de violation de réglementations américaines concernant le dossier Executive Life. Réponse de Peyrelevade: je n'ai jamais vu, ni lu ce fax, dont je n'étais pas le destinataire. Jusqu'alors, aucun élément public ­ document ou témoignage ­ n'avait