Dakar envoyé spécial
A Dakar, la nouvelle est passée sans bruit. Pris par la fièvre électorale précédant les législatives du 29 avril, les Sénégalais ne se sont pas aperçus que leur pays venait d'être admis par l'ONU au club des Pays les moins avancés (PMA). Le Sénégal est donc devenu, le 12 avril, le 49e et dernier en date des Etats les plus pauvres de la planète. Un camouflet pour l'élève modèle du développement et de la coopération française en Afrique.
Là est le paradoxe du Sénégal: longtemps, la vitrine a caché une arrière-boutique peu reluisante. Longtemps, ses élites à la tête bien faite, prisées par les organisations internationales, ont masqué un analphabétisme impressionnant (près de 40 % de la population). Longtemps, la faible corruption du régime comparée au reste de l'Afrique subsaharienne a fait oublier qu'il n'y avait pas grand-chose à voler...
Pourtant, avec une croissance de plus de 5 % et une inflation inférieure à 3 %, le Sénégal présente un visage plutôt avenant aux investisseurs étrangers. Les cybercafés fleurissent un peu partout au centre de Dakar.
Bidonville. Mais il suffit de s'éloigner vers les faubourgs pour toucher du doigt le Sénégal «réel». Aujourd'hui, le plus important quartier de Dakar est Pikine, une ville satellite, un bidonville gonflé par l'exode rural. Ici vivent près d'un tiers des trois millions d'habitants de la capitale. Le goudron n'y est plus qu'un souvenir. L'électricité n'y fonctionne que par intermittences. Les ordures n'y sont