Claude-Emmanuel Triomphe est délégué général de l'Université européenne du travail, instance qui réunit universitaires, syndicalistes, managers et experts de toute l'Europe. En 1999 et 2000, leurs travaux ont porté sur les restructurations dans plusieurs pays de la Communauté, dont la France.
Le gouvernement souhaite redonner du poids au dialogue social, est-ce la bonne méthode ?
Cela fait vingt ans que dure la valse des restructurations, délocalisations, avec son cortège de licenciements massifs en France. Ce n'est pas fini. Depuis Vilvorde, beaucoup exigent des entreprises un dialogue social substantiel, plus en amont. Or, juridiquement, les comités d'entreprise ont déjà la possibilité d'intervenir très en amont et en aval des plans sociaux. Le font-ils ? Dans de grandes entreprises, oui ; ailleurs, non.
Une nouvelle loi changera-t-elle les comportements ?
A mon avis, non. Peut-être qu'en prévoyant de réelles sanctions en cas de non-respect des procédures d'information et de consultations par exemple la possibilité de prononcer la nullité de la procédure , cela obligerait les partenaires sociaux à dialoguer et éviterait à bien des comités d'entreprise de n'être que de vulgaires chambres d'enregistrement des décisions patronales. Mais il me semble qu'il faudrait repenser le concept même de dialogue social. Il s'avère impuissant à juguler les licenciements : on consulte les représentants du personnel et on prévoit des mesures «accep tables» d'accompagnement : préretraite pour