La mémoire, c'est utile. Cela évite, notamment, de croire que tout est toujours nouveau. Dès l'automne dernier, le Medef jetait des cris d'orfraie : 35 heures et croissance se cumulant, on manquerait de main-d'oeuvre en France. La confédération patronale, après recensement dans ses branches, chiffrait même à 800 000 les postes à pourvoir, et donc vacants. Dans un pays qui compte toujours plus de 8,7 % de chômeurs (au sens du BIT), cela fait tache. Le Commissariat au Plan a eu la bonne idée de se rappeler qu'il y a douze ans, de 1986 à 1989, la France avait connu une période de croissance et de forte réduction du chômage.
Mercredi, au ministère du Travail et de l'Emploi, on a donc écouté, dans un séminaire sous-titré joliment «Se souvenir pour prévoir», ceux qui, à l'époque des gouvernements Chirac, puis Rocard, s'étaient penchés sur la question, déjà actuelle, des «goulets d'étranglement».
Vincent Merle, aujourd'hui dir' cab' de Nicole Péry au secrétariat à la Formation professionnelle, s'est replongé dans l'étude qu'il avait réalisée lorsqu'il travaillait chez Bernard Brunhes Consultants. «On connaissait des difficultés similaires à aujourd'hui. En observant de près, on s'est aperçu que les entreprises déclaraient des besoins d'embauche exagérés.» Les employeurs mentaient-ils ? Pas vraiment, explique Vincent Merle : «Les entreprises peinent souvent à décrire les qualifications dont elles ont besoin. Je me souviens d'une usine d'ameublement en Vendée. Le DRH connaissait mal le