EDF avait-il imaginé dans quelle galère il s'engageait en partant à l'assaut de Montedison? Le décret-loi pris jeudi soir par le gouvernement de Rome, qui spécifie que les compagnies étrangères verront leurs droits de vote limités à 2 % s'ils accroissent leurs capacités de production, revient de fait à geler la participation de l'électricien français dans le conglomérat italien (voir Libération du 25 mai). Et EDF se rend compte qu'il se retrouve complètement bloqué. Son salut ne peut maintenant venir que de la Commission européenne, seule habilitée à remettre en cause le décret-loi pris par le gouvernement italien. Un comble pour EDF, qui a jusqu'à présent bataillé ferme contre les directives de Bruxelles demandant une libéralisation plus importante du marché français.
Enquête. Dès lundi, Frits Bolkenstein, le commissaire chargé du marché intérieur, devrait ouvrir une enquête concernant le décret-loi italien. «Nous allons examiner de près cette mesure, promet Jonathan Todd, porte-parole de la Commission. Et nous serons particulièrement vigilants s'il s'avère qu'il y a restriction des droits de vote.» Bruxelles s'est déjà saisi d'un cas analogue en Espagne, concernant Hidrocantabrico, le quatrième opérateur électrique espagnol. Pour freiner l'offensive d'EDF, le gouvernement de Madrid avait fait adopter en décembre 2000 une loi prévoyant qu'«aucune entreprise publique ou société contrôlée par des entités ou administrations publiques ne puisse acquérir des participations signif