Washington, de notre correspondant.
«La récession est évitée, dites-vous ? Hou là là, pas si vite, messieurs !», a semblé dire, jeudi soir à New York, Alan Greenspan, le gouverneur de la banque centrale américaine, en réponse aux messages d'optimisme envoyés pendant la semaine par le Trésor et la Maison Blanche. Evidemment, dans son sabir de banquier central, l'idée est formulée de façon un peu plus compliquée. «Ce soir, avait-il prévenu en plaisantant, devant l'Economic Club, je vais innover : je vais parler très clairement... et personne ne comprendra rien à ce que je vais dire !» Il n'a tenu que la seconde partie de la promesse...
«Pas à l'abri». C'est la première fois que Greenspan s'exprimait sur l'économie depuis début mars, et son discours était très attendu, notamment par les marchés financiers. Selon lui, les cinq baisses de taux décidées depuis janvier par la banque centrale (ils sont passés de 6,5 % à 4 %) vont certes aiguillonner l'économie vers la fin de l'année, mais les risques restent importants : «Cette période de croissance inférieure à la normale n'est pas encore terminée et nous ne sommes pas à l'abri du risque d'un ralentissement économique plus important que prévu, ce qui nécessiterait une nouvelle initiative.»
Comprendre : la banque centrale se réserve la possibilité de baisser une nouvelle fois ses taux d'intérêt fin juin. Hier, une statistique est venue conforter la sombre prudence d'Alan Greenspan : la croissance américaine au premier trimestre n'a pas