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Libération

Les cadres se diluent

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publié le 28 mai 2001 à 1h01

Les articles de presse se multiplient sur leur désarroi. Du classique «malaise des cadres», on est passé aux «cadres au bord de la crise de nerfs» (le Nouvel Economiste). En janvier, 42,4 % des cadres étaient «prêts à accompagner un mouvement social» dans leur entreprise (1). Mais en avril, grande réconciliation, 84 % des mêmes se disent attachés à leur entreprise (2). Au vu de ces enquêtes, les cadres seraient bien inconstants. Ce flottement dans les têtes montre que leur situation dans le monde du travail est complexe. L'incertitude des années 90 a laissé des traces. «C'est une véritable crise de confiance (...) alimentée fortement par le manque de "visibilité" de la stratégie et des buts des entreprises», affirme Paul Bouffartigue. Sociologue au CNRS, il vient de publier Cadres : la grande rupture (3), ouvrage regroupant différentes contributions de chercheurs. Tous les aspects de la vie d'un cadre sont passés en revue (diplômes, chômage, syndicalisme, 35 heures, féminisation...), avec en filigrane cette interrogation : à force de ressembler aux autres salariés, les cadres vont-ils disparaître ? On n'en est pas là, affirme d'emblée le livre, mais on assiste bien à un effritement du sentiment d'appartenance à un groupe spécifique. Au cours des années 90, la remise en cause de la sécurité de l'emploi et d'une carrière bien programmée a mis à mal une relation basée sur la confiance. Il y a eu rupture. On a vu des cadres participer à des conflits sociaux. La CGC, syndicat cat