Marion, 41 ans
Le stress du cadre parisien envoyé au diable
Ex-directrice littéraire de «J'ai lu», elle a créé sa maison d'édition à Vauvert (Gard).
«C'était clair. Jamais je n'aurais infligé à mon forestier d'époux et à mon fils Victor la punition de vivre à Paris, dans une ville où les immeubles cachent le ciel. Mais j'aimais mon métier. Les éditions J'ai lu m'ont donné la chance de lancer des collections, de contribuer à découvrir de jeunes auteurs. Mon travail était un tel plaisir que je supportais les allers-retours. Alors, pendant dix ans, j'ai fait la navette des allers-retours dans le Gard, là où est notre maison
«Là où sont mes racines, et celles de mon époux. C'était une vie de folle. J'étais cadre sup pendant cinq jours, injoignable au téléphone, toujours entre deux réunions, une équipe de dix personnes à gérer. Pendant deux jours, je retrouvais la Camargue, les ferias et les fiestas campiera. Au bout de quelques années, J'ai lu a accepté d'aménager mon emploi du temps. Je passais trois à quatre jours à Vauvert, et le reste à Paris. Mais ce n'était guère plus gérable. La maison était devenue mon bureau. Je passais mon temps à chercher mes dossiers. Cela durerait encore aujourd'hui si un matin de l'année 1999 mon organisme n'avait dit stop. C'était un mardi à l'aube. Je m'apprêtais à prendre l'avion pour regagner Paris. Je suis tombée sur le carreau de la cuisine, évanouie. Le médecin a diagnostiqué un "syndrome du cadre supérieur stressé" et m'a prescrit quinze jours