Lucent a bien du mal à répondre à Alcatel. A 22 heures hier soir, les dirigeants d'Alcatel attendaient encore un «oui» ou même un «non» de l'américain à leur proposition de fusion. L'après-midi, à quelques minutes du début de la réunion des conseils d'administration français et américains, alors que l'ambiance semblait maussade des deux côtés de l'Atlantique et que les Français ne croyaient plus vraiment à cette gigantesque opération, un énième coup de téléphone de Lucent à la direction d'Alcatel a rajouté une couche de suspens : «N'annoncez rien de définitif.» Décalage horaire oblige, il allait falloir attendre pour connaître la position du conseil de Lucent, très divisé sur cette opération qui paraissait pourtant bouclée à la fin du week-end dernier.
Dilemme. Retour sur quelques jours de folie. Dimanche soir dernier, après quatre jours passés à huis clos au Château des Mesnuls, à 70 kilomètres de Paris, les équipes de direction d'Alcatel et de Lucent, accompagnées de leurs avocats et de leurs banquiers (une quarantaine de personnes au total) s'entendent sur les éléments essentiels du plan de fusion. Au terme de cette opération de rachat de Lucent par Alcatel à 35 milliards d'euros, la nouvelle entité sera détenue à 58 % par le français et 42 % par l'américain. Par ailleurs, et compte tenu de la situation financière difficile de Lucent, les deux parties conviennent qu'il n'y aura pas de prime versée aux actionnaires. Enfin, Serge Tchuruk s'impose comme PDG du nouveau groupe,