Locunolé (Finistère)
envoyé spécial
Lors de sa dernière visite, en mai 2000, l'inspecteur du travail avait décrit la fosse de réception des carcasses: «L'atmosphère viciée comporte un risque sérieux pour la sécurité des travailleurs, le fond est couvert par une boue infecte sur plusieurs dizaines de centimètres d'épaisseur.» Et d'effectuer cette mise en demeure: «Tout travail de vos salariés dans la fosse avant la disparition des infractions les exposerait à un danger grave et engagerait votre responsabilité pénale pour délit intentionnel.» Dans un registre moins technique, le médecin du travail, six mois plus tard, s'était contenté de dénoncer des conditions de travail «particulièrement déplorables». Bienvenue dans l'usine d'équarrissage du groupe Saria, leader français des farines animales, située à Guer (Morbihan), parfois surnommée «la petite boutique des horreurs».
«Une longue histoire». Le terme fait bondir les pouvoirs publics. «A entendre la rumeur, Guer serait un lieu de perdition», sourit Hervé Knockaert, directeur des services vétérinaires du Morbihan. «Cette usine a posé beaucoup de problèmes, c'est vrai, mais la situation s'est améliorée depuis deux ans.» «L'administration n'a pas à rougir de ce qu'elle a fait, renchérit le préfet Gilles Bouilhaget. L'usine de Guer, c'est une longue histoire, parfois musclée.»
Pour Francis Doussal, au contraire, rien n'a véritablement changé. Ancien chef de fabrication de l'usine de Guer, il vient d'être licencié pour avoir dénoncé