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Libération

A Moussey, les salariés de Bata informés par une lettre anonyme

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Ils sont fixés ce lundi sur le dépôt de bilan.
publié le 11 juin 2001 à 1h12

Moussey (Moselle) envoyée spéciale

Les deux moutons ont été offerts par un fermier. Le bois, par un habitant de la région. Georges, 52 ans, trente ans de maison, tourne les broches à la main pour le méchoui du soir. Depuis cinq jours, les salariés de Bata occupent leur usine, que la direction du groupe, sise à Toronto (Canada), envisage de fermer définitivement. Samedi en fin de journée, ils ont accepté de relâcher Antonius Van Es, leur nouveau directeur, arrivé vendredi matin, séquestré le soir même. Celui-ci leur a promis de les retrouver dès ce lundi, 7 heures, à l'issue d'une rencontre avec le président de Bata Europe et avec de nouvelles informations.

Les 875 salariés de l'usine veulent, certes, que le groupe renonce au dépôt de bilan, mais ils veulent surtout «des informations». Car ils ont appris leur sort de curieuse manière. Mercredi, chacun des trois syndicats présents ­ CFDT, CGT, CGC ­ sur le site reçoit une enveloppe anonyme, expédiée de l'usine. A l'intérieur, un paquet de documents confidentiels, certains en anglais, relatant les difficultés du site depuis cinq ans et ses perspectives d'avenir. Plusieurs scénarios sont envisagés: plan social, dépôt de bilan avec poursuite de l'activité, fermeture pure et simple de l'usine. Un seul est étayé d'un calendrier précis: la cessation totale d'activité, avec dépôt de bilan le 16 juillet. La date n'est pas choisie au hasard: «L'usine devait fermer le 20 juillet pour congés annuels. On n'aurait pas eu le temps de réagir»,