Moussey (Moselle) envoyée spéciale
Il est 7 heures, les couvertures viennent d'être repliées. Cette nuit, un piquet de grève a une nouvelle fois veillé aux portes de l'usine Bata, promise au dépôt de bilan. Et, ce mardi matin encore, aucun des 875 salariés du site ne franchit les grilles qui mènent aux ateliers, où chaque année se fabrique environ 1,5 million de paires de chaussures.
Dans le froid et le plus grand silence, les grévistes écoutent Anita Marchal, porte-parole de l'intersyndicale CFDT-CGT-CGC, énoncer le programme de la journée: 9 heures, départ en bus vers l'autoroute Paris-Strasbourg; 10 heures, organisation d'un barrage filtrant à la sortie du péage de Phalsbourg; 14 heures, retour à l'usine, le casse-croûte est fourni... Elle transmet le message que les délégués liront tout à l'heure devant le conseil d'administration, à Paris, puisqu'en ces jours de crise l'avenir de l'usine de Bataville se joue partout à Paris, à Toronto, siège social de Bata SA ... sauf à Bataville. «On est là. Et on est toujours déterminés à se battre», exhorte la responsable syndicale, la voix cassée par cinq jours de discussions et d'insomnie. Elle rappelle le mot d'ordre des grévistes: «Zéro chômeur».
Pleurs. La veille fut une journée de désespoir. Antonius Van Es, tout nouveau directeur opérationnel du site Bata-Hellocourt, a confirmé l'imminence du dépôt de bilan que chacun pressentait depuis qu'un courrier anonyme en avait, documents à l'appui, averti les syndicats (Libération du 1