Finis les tabous. L'idée d'une privatisation de France Télécom est en train de refaire un brin de chemin. Et le timing est tout trouvé. Après la présidentielle. Une fois l'échéance passée, la voie sera dégagée. «On ne peut pas bloquer plus longtemps les évolutions», laisse-t-on entendre au gouvernement, et «si, aujourd'hui, l'Etat ne passe pas au-dessous des 51 % (il détient aujourd'hui 55,5 %, ndlr), c'est uniquement pour des raisons dogmatiques.» Sous-entendu, pour de mauvaises raisons. «Il y a un moment où il faudra faire ce pas-là», dit-on dans l'entourage de Jospin, en tempérant toutefois: «Il n'y a pas formellement de relance de cette discussion entre la tutelle et l'opérateur.»
Réalisme. Pour autant, passer sous la barre symbolique des 51 % ne signifie pas démission de l'Etat. Celui-ci gardera donc un pied dans l'entreprise. Le problème est d'en définir le niveau pour tout à la fois «garder le contrôle et faire respirer la société», qui en aurait grand besoin. L'Etat, qui a de la suite dans les idées, a fait adopter d'ailleurs le 2 mai une disposition qui l'autorise à nommer des administrateurs dans des sociétés qu'il détient en second rang (lire ci-contre).
Car l'heure est à la crise et au réalisme. Les restructurations partout en Europe se déroulent à marche forcée. En Grande-Bretagne, British Telecom, exsangue, est en train de filialiser ou de céder par appartements ses activités. Deutsche Telekom, qui croule aussi sous les dettes, s'est séparée de son réseau câblé.