Toulouse, envoyée spéciale.
«Cet avion on ne l'a pas fait pour se faire plaisir.» Au siège d'Airbus, à Toulouse, c'est la phrase qui revient le plus souvent. Cet avion, c'est bien sûr l'A 380, précédemment connu sous son nom de code A3XX. Dès 2006, la plus grosse machine volante de tous les temps pourra transporter sur deux étages de 550 passagers en version standard à 800 passagers en version charter. Airbus parviendra-t-il à convaincre suffisamment de compagnies d'opter pour son dinosaure volant? Le consortium européen va s'y employer au salon du Bourget, qui ouvre ses portes ce week-end. Mais son grand concurrent, Boeing ne sera pas en reste pour vendre son nouvel engin: le Sonic Cruiser, un supersonique qui ne transportera que 250 passagers mais aura une vitesse de croisière plus élevée. Le plus gros avion, contre le plus rapide. La guerre va être rude au Bourget. Au défi commercial s'ajoute un immense défi technique. Car l'A 380 compte utiliser des matériaux inédits.
Prospectives. «Derrière cet avion, il y a cinq ans de réflexions et d'études, souligne avec assurance Jürgen Thomas, conseiller du PDG d'Airbus. On ne l'a pas sorti de nos cartons hier matin!» L'oeil brillant, l'ingénieur allemand qui travaille depuis plus de dix ans sur le projet d'un très grand porteur européen, tapote une pile de gros rapports de l'index: «Ce sont les comptes rendus des séminaires que nous avons faits depuis 1996 avec une vingtaine des plus grandes compagnies aériennes au monde.» Singapour