Qu'il y a-t-il de commun entre la compagnie aérienne AOM-Air liberté et le fabricant de chaussures Bata? A priori, pas grand-chose. Pourtant, dans l'une et l'autre affaire, on cherche en vain l'actionnaire responsable. Dans les deux cas, à l'heure du dépôt de bilan, les propriétaires font tout pour ne pas apparaître en première ligne.
Accusé par les salariés d'être le «serial kill'air» de leur compagnie, Ernest-Antoine Seillière, principal actionnaire d'AOM-Air Liberté, via son holding Marine-Wendel, a rejeté ce week-end la faute sur ses partenaires du groupe Swissair. Ce sont les Suisses, les responsables, a-t-il dit. Eux qui ont trahi, eux qui ont renié leur parole, eux qui ont provoqué le désastre. Si l'affaire n'était pas si grave pour les 5 000 salariés d'AOM-Air Liberté, elle prêterait à sourire. Il n'est pas fréquent de voir un patron du Medef s'en prendre à une grande entreprise privée, fût-elle suisse. Il est vrai qu'il n'est pas moins cocasse d'entendre ce même groupe suisse se poser en victime, rejetant sur Ernest-Antoine Seillière les responsabilités de cette catastrophe sous le prétexte revendiqué que Swissair n'est que l'actionnaire minoritaire. Les salariés et les clients d'AOM-Air Liberté apprécieront le cynisme du groupe suisse qui se dit déchargé «d'un élément majeur d'incertitude financière».
Les salariés de l'usine Bata à Moussey, dont le dépôt de bilan serait proche, n'ont pas plus de chance avec leurs actionnaires. Le propriétaire de la multinationale de