Quand on arpente les linéaires d'un hypermarché on ne pense pas forcément déambuler au milieu d'une secte. Le documentaire Profession harceleur, diffusé sur Canal + mardi, qui plonge au coeur du système Auchan, 118 magasins en France, 100 milliards de chiffre d'affaires, le démontre pourtant. L'idéologie Auchan colle au salarié du matin au soir. Regarder «télé Auchan», faire ses courses à Auchan, avoir la culture Auchan, et boycotter tout ce qui pourrait s'apparenter de près ou de loin à des subversifs, les syndicalistes en tête. Dans certains magasins du groupe, le jeu consiste à faire partir les gêneurs sans aucune mesure compensatoire ou plan social qui pourrait ternir l'image de l'entreprise. Le harcèlement y est devenu une méthode de gestion du personnel.
A Nogent-sur-Oise, un nouveau directeur terrorise son personnel et charge certains de ses employés, qu'il nomme ses «nettoyeurs», de mettre en place des plans de harcèlement pour faire «craquer» les indésirables. La méthode: créer des altercations, faire stresser, isoler. En deux ans, 115 salariés ont quitté l'entreprise.
Au Havre, Isabelle découvre écrit sur un cahier un plan de harcèlement monté contre elle. Christian, comme des dizaines d'autres ex-Auchan est en dépression nerveuse. Chef de rayon, il a subi insultes et brimades sans relâche jusqu'à son départ. Le film, réalisé de façon habile et fouillée, est soutenu par un montage percutant. Les journalistes de l'émission de Canal ont tenté d'en savoir plus auprès du