Un mauvais vent de cessions souffle aujourd'hui sur la téléphonie mobile. Motorola, Ericsson, Sagem, Alcatel et, demain peut-être, Philips et Lucent, presque tous les équipementiers s'y mettent. Ils ne veulent plus gérer la production de composants électroniques et ses à-coups. Ils préfèrent refiler la difficulté à d'autres dont c'est le métier: les Flextronics, Celestica et autres Solectron sont les grands sous-traitants du mobile.
Salariés méfiants. Et cette révolution-là est menée fissa. Alcatel a décidé le 26 avril dernier de céder son unité de production de mobiles de Laval au singapourien Flextronics, numéro 2 mondial dans sa spécialité. Le 1er juillet prochain, les 830 salariés de l'usine mayennaise seront passés sous pavillon Flextronics. Pour «huiler» l'opération, Alcatel a gratifié les salariés d'une prime de 25 000 francs (3 800 euros). Et garantit que «si l'usine est en sous-charge», rapporte André Pavajot, délégué syndical CFDT, c'est l'ex-employeur qui «en supportera le coût». Les salariés ne sont pas convaincus. Flextronics n'a pas lésiné pour les séduire: «On a reçu la visite de M. Potter, le responsable pour l'Europe de Flextronics», venu tout exprès de Vienne. «Il nous a dit que l'usine Philips était aussi sur les rangs [...]. Mais on nous a préférés à cause de notre niveau de compétence. C'est vrai qu'à Laval, depuis cinq-six ans, on a fait beaucoup d'investissement.»
Si Flextronics ne rassure pas, ce n'est pas un hasard. Joël Epinard, à l'UD-CFDT de Mayenne