Quarante milliards de dollars! Malgré ce «blindage financier» concocté par les institutions financières internationales en décembre, l'Argentine se retrouve à nouveau sous la pression des marchés. Et Domingo Cavallo, «l'homme de la dernière chance», comme on le surnomme à Buenos Aires depuis qu'il a repris les reines de l'économie, a beau multiplier démentis et déclarations rassurantes... Rien n'y fait. La crise financière va crescendo. Les investisseurs fuient massivement la Bourse de Buenos Aires. En un peu plus d'une semaine, l'indice Merval a perdu près de 12 % de sa valeur. «L'Argentine? C'est un laboratoire économique au bord de la faillite», lâche un trader. Depuis plus de trente mois, l'Argentine est en récession: -3,4 % en 1999, -0,5 % en 2000... Cette année, le chiffre de la croissance devrait être négatif. Sur les douze derniers mois, les ventes d'automobiles ont chuté de 55 %! Celles de l'industrie du textile de 20 %.
Pour comprendre ce qui se passe aujourd'hui dans ce pays longtemps cité comme un modèle d'orthodoxie économique par le Fonds monétaire international (FMI), il faut remonter au début des années 80. A l'époque, l'Argentine est terrassée par l'hyperinflation. Au pic de «la hyper», comme disent les Argentins, les prix augmentent de 600 % par mois! La recherche de dollars, devise refuge, devient une véritable obsession nationale.
Un seul maître. En 1991, le ministre de l'Economie Domingo Cavallo et le président Carlos Menem décident de visser le peso argen