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Libération

Paranoïa du tiroir-caisse

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publié le 25 juin 2001 à 1h21

Stéphanie, 23 ans, est vendeuse dans un magasin de fringues pour jeunes. Sous les ordres de sa patronne, elle doit vivre dans l'angoisse permanente du cambriolage.

«La boutique est dans un centre commercial, où des bandes de jeunes font de temps en temps des descentes. Alors, depuis quelques mois, des vigiles plus costauds, plus professionnels, ont été embauchés. On se les partage entre les boutiques. Mais parfois ça ne suffit pas, régulièrement des magasins sont braqués, à l'heure du déjeuner ou juste avant la fermeture, quand tout se calme. Chez nous, la caisse a été emportée trois fois. Il n'y avait pas grand-chose à chaque fois à l'intérieur, mais la patronne en a gardé une trouille terrible. Alors, depuis, elle briefe toutes les vendeuses : comment reconnaître un cambrioleur, comment protéger le tiroir-caisse, comment appeler les flics, et surtout faire un portrait-robot le plus précis possible. Elle est même allée jusqu'à nous faire faire des exercices avec son fils dans le rôle du méchant, un jour d'inventaire. On était toutes pliées de rire, on n'a rien pu répéter. Et puis, moi, si on se fait braquer, je ne discute pas. Je donne le tiroir-caisse et même mon sac à main si on me le demande. Je ne vais quand même pas prendre de risques pour une caisse à 10 000 francs, dans une boutique qui n'est pas à moi, pour un salaire au Smic. Mais ça, ma patronne ne veut pas en entendre parler, on doit se battre pour sauver la recette. Ça doit être notre fierté.

«La patronne a telle