Michel Bedu, 47 ans, tient depuis vingt-six ans un restaurant familial dans le centre touristique de Nancy. Membre de l'Umih (chambre patronale), il estime que son activité ne survivrait pas aux 35 heures.
«Je prie tous les jours pour que l'accord 35 heures ne soit pas étendu à tout le secteur. Mon restaurant marche bien depuis un quart de siècle, je n'ai pas envie que ça s'arrête maintenant. C'est un petit établissement de 36 couverts, plus une terrasse, dans lequel j'emploie trois salariés : un cuisinier et deux serveurs qui travaillent 43 heures par semaine pour environ 8 000 francs net par mois. Ma femme et moi travaillons chacun 60 heures par semaine.
«Le passage aux 35 heures nous obligerait à embaucher une quatrième personne. Or la masse salariale représente déjà 40 % de mon chiffre d'affaires. Si j'embauche une personne de plus, elle passerait à 50 %, à chiffre d'affaires égal. C'est impossible. Moi, je ne peux pas pousser les murs de mon restaurant, je tourne déjà à plein. Aucun gain de productivité n'est possible. Alors, bien sûr, on pourrait ouvrir le samedi midi, le dimanche ou le mercredi soir. Mais cela nous obligerait, ma femme et moi, à travailler encore plus. Pour l'instant, on a deux jours de repos par semaine, mais on en «profite» pour faire la comptabilité et les courses pour le restaurant. Alors si les 35 heures signifient qu'un chef d'entreprise doit sacrifier sa vie privée, mieux vaut tout vendre.
«Passer à 39 heures, en revanche, servirait à moderniser l