Moussey (Moselle)
envoyée spéciale
Dans le micro du mégaphone, Anita Marchal, la porte-parole de l'in ter syndicale CFDT-CGT-CGC, énonce les résultats du vote qui vient d'avoir lieu à bulletins secrets: 707 votants, 490 bulletins «pour» la reprise du travail, 215 «contre», 2 nuls. Ce mardi matin, l'entrée de l'usine Bata de Moussey-Hellocourt (Moselle) sera dégagée des chaînes qui l'ont maintenue fermée pendant dix-neuf jours. Les 875 salariés de l'entreprise reprendront le travail, puisqu'ils viennent d'en décider ainsi. Pourtant, le moral n'y est pas. Une voix, dans la foule: «Demain, on reprend mais, dans trois mois, combien seront licenciés?» L'assistance proteste. La même voix, insistante: «Il faut quand même le savoir!» Plusieurs grévistes: «Mais on le sait!»
«Qui? Combien? Quand?» En effet, ils le savent, les salariés d'Hellocourt, que cette reprise du travail n'est qu'un pis-aller. Ils voulaient éviter le dépôt de bilan, celui-ci aura lieu, selon toutes probabilités, le 10 juillet. Ils voulaient d'amples garanties sur l'avenir, ils n'ont à ce jour obtenu que l'assurance de la fabrication de 250 000 paires de chaussures par an. De l'avis général, c'est bien en dessous du seuil de rentabilité: l'usine en produit 1,5 mil lion chaque année, et elle perd de l'argent. Les grévistes ne savent pas non plus combien d'emplois seront sauvés, pas plus que les conditions dans lesquelles le plan social sera négocié: «Je sais que vous vous posez des questions. Qui? Combien? Quand? Ma