Au Japon, on les appellerait des burakumin, du nom de cette caste d'intouchables réputés être congénitalement souillés par leurs travaux. Des métiers de fin de cycle qu'on préférerait ne pas voir. Car ils nous rappellent que nos vies, celles de nos animaux et de nos objets, ont évidemment une fin.
Pourtant ces métiers «cachés»,
comme dit Jean-Noël l'embaumeur, existent bel et bien. La France compte
des milliers de fossoyeurs, croque-morts, équarrisseurs sans lesquels la vie en société serait impossible.
Ce ne sont pas des métiers lucratifs, encore moins attractifs («Devenez fossoyeur!»), mais des vocations qui se sont dessinées au fil des ans, parfois de père en fils, parfois par accident. Certains, comme récemment cet équarrisseur du Morbihan, ne supportent plus leurs conditions de travail. Il faut être solide pour voir le «jus de cadavre» couler sur le sol de l'usine, l'odeur pestilentielle monter aux narines. Et finalement au cerveau.
Alors, bien sûr, on pourrait parler officiellement d'«agent technique d'entretien des cimetières», polir les mots pour attirer les jeunes vers des professions tournées vers le passé. On continuera forcément à mourir, à jeter, à casser. De plus en plus d'hommes et d'animaux, et donc de plus en plus de corps à conserver, à enterrer, de déchets à trier, de bagnoles à recycler. Signe des temps, ces métiers qui paraissent obsolètes tendent peu à peu à s'industrialiser. Le tri des déchets devient une affaire économique nationale, les petites entreprise