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Libération

L'Europe de Mario Monti s'émancipe

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L'Union est capable d'imposer ses vues aux Etats-Unis.
publié le 4 juillet 2001 à 23h59

Mario Monti est un homme modeste qui aime cultiver ce trait de caractère. Le commissaire à la concurrence, ancien professeur d'économie, en a encore apporté la preuve, hier: «Je ne pense pas que nous ayons accompli quelque chose d'historique», s'est-il récrié après avoir annoncé la décision de la Commission d'interdire la fusion GE-Honeywell. Pourtant, historique, la décision d'hier l'est incontestablement. C'est, en effet, la première fois depuis l'entrée en vigueur, en 1990, du règlement communautaire instaurant un contrôle des fusions et des concentrations, que Bruxelles interdit une telle opération entre deux entreprises américaines.

Outrage. Outre-Atlantique, on ne s'est pas trompé sur l'importance de l'événement qui se préparait depuis un bon mois: déclarations furieuses du monde politique, éditoriaux vengeurs d'une grande majorité de la presse américaine accusant la Commission de chercher à protéger les champions européens contre la puissance des conglomérats «made in USA». Certains n'ont pas hésité à brandir la menace d'une guerre commerciale transatlantique si la Commission osait passer à l'acte. Sans résultat: «Je ne suis pas impressionné par les pressions, d'où qu'elles viennent», a froidement laissé tomber Mario Monti.

La leçon de cette affaire est évidente: lorsque les intérêts européens sont défendus par un organisme supranational et indépendant, comme l'est la Commission, l'Union est capable de faire entendre sa voix et d'imposer ses vues, même au risque de dépl