«J'aurais dû être prof de gym, mais un coup de foudre m'a déviée de ma route et je suis devenue agricultrice.» Renée Mercheyer, femme d'agriculteur, est l'héroïne du documentaire d'Emmanuel Franck diffusé aujourd'hui sur la Cinquième (1). Révolution douce se penche sur ces femmes qui ont voulu devenir agricultrices, mais à part entière, avec fiches de paye, salaire et statut. La première révolution pour ces femmes des champs a été le permis de conduire. Apanage des hommes, l'absence de permis les clouait à la ferme, les réduisant à la part d'ombre qu'elles connaissaient depuis tout temps. Aujourd'hui, organisées et motivées, elles ont changé le paysage de la campagne. Et créent une nouvelle économie. Marchés paysans, point de vente et camping à la ferme, chambres d'hôte, gîte rural, elles ont permis, par leur envie de communiquer, de faire rentrer dans la ferme des revenus non négligeables.
Mais pour ces paysannes de la région de Toulon, comme partout en France, les débuts ont été durs, très durs. «La première fois que le vent a emporté mes bâches et que j'ai perdu ma production, personne n'est venu m'aider, il a fallu que je fasse face toute seule», raconte Chantal, forcée par son père, il y a vingt-cinq ans, à reprendre l'exploitation. «Ça aurait été plus facile si j'avais été un garçon. Pour pallier le manque de force physique, il a fallu que je fasse travailler mon esprit.» Pour faire barrage à cette solitude et à l'isolement, elles se sont investies dans les GDA, groupes