Latifa Abed, 36 ans, est responsable de magasin et déléguée syndicale chez Maxi-Livres. Elle raconte le harcèlement dont elle fait l'objet depuis trois ans.
«Tout a commencé le jour où j'ai été élue. Et le harcèlement s'intensifie au gré du climat social dans la boîte. Lors d'une réunion organisée par la direction, avec mes douze ans de maison, j'ai pris la parole pour dénoncer les conditions du passage aux 35 heures assorti d'un plan social qui touchait 27 personnes. Le nouveau PDG n'a pas apprécié. A partir de ce jour-là, j'ai subi des vexations à peu près tous les jours: je recevais des fax du genre: "Vous n'êtes pas un exemple"» qui passaient par mon équipe de vente avant d'arriver jusqu'à moi. Puis la hiérarchie appelait mes vendeurs et les poussait à me dénigrer... J'en ai même surpris un à fouiller dans mon sac, vu que dans mon magasin, il n'y a pas de vestiaires. Après ça, je travaillais toute la journée avec mon sac contre moi. C'est dégueulasse. J'étais totalement discréditée vis-à-vis des collègues et j'étais psychologiquement déstabilisée. C'est très dur quand on rentre chez soi et qu'on doit faire face à ses deux enfants.
«Le comble du cynisme, la sanction la plus dure et la plus humiliante, c'est qu'ils ont voulu me punir pour avoir fait pression sur mon personnel! Avec des soi-disant lettres de délation de mes vendeurs, ils m'ont rétrogradée au rang de vendeuse, avec 4 000 francs de perte de salaire! Une manière comme une autre de me faire craquer. En tant que d