Après plus de trois heures d'audience à huis clos, la Cour de justice de Genève a finalement décidé de ne pas se mouiller. Les deux ennemis jurés de la pharmacie, le suisse Serono et l'Américain Biogen devront attendre une dizaine de jours avant de connaître le jugement dans le conflit qui les oppose depuis plusieurs mois. Car ces deux-là se livrent une vraie bagarre commerciale. Avec ses coups bas, ses coups de gueule et ses bataillons d'avocats qui s'étripent à coups de procédures. Depuis plusieurs mois, l'américain Biogen (7,6 milliards de francs de chiffre d'affaires, soit 1,16 milliard d'euros) et le suisse Serono (10 milliards de francs, soit 1,5 milliard d'euros), plutôt des poids légers dans l'industrie pharmaceutique mondiale, ont prouvé qu'il n'était pas nécessaire d'être un mastodonte pour aimer la castagne. Pour imposer leur médicament contre la maladie de la sclérose en plaques (1), les deux laboratoires sont prêts à tout. L'histoire commence quand Biogen sort son Avonex en 1996, un médicament créé pour ralentir la progression de la maladie. Dans la foulée, l'entreprise obtient de l'Administration américaine un monopole de commercialisation jusqu'en 2003.
Monopole. Une procédure relativement classique réservée à la vente de médicaments spécialement développés pour des maladies rares ou concernant une population peu nombreuse. La Food and Drug Administration (FDA) a considéré que l'Avonex entrait dans cette catégorie. C'est donc un marché de plus de 1 milliard de